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Et les autres enfants ? 

Et les autres enfants ?

Quand un de nos enfants est malade et disparait de l’autre côté, les parents sont totalement absorbés par la perte de leur enfant, détruits par cet évènement abominable.

L’enfant malade accapare leurs vies, leurs pensées. Ce qui est extrêmement incontestable. La prise de conscience de cet envahissement total s’est faite pour moi des années après. Pendant ces jours et ces nuits passés à l’hôpital, je me rendais bien compte que j’étais dans l’incapacité matérielle de m’occuper correctement de mes autres enfants. Pour ce qui est de l’ordre affectif, j’essayais tant bien que mal de pallier mes absences, mais bien insuffisamment. La vie familiale s’auto-détruit peu à peu. Nous avons eu néanmoins la chance d’avoir des membres de la famille très disponible pour nous épauler.

Cependant, les autres, les enfants bien portants, culpabilisent d’être en bonne santé. Pourquoi leur frère ? pourquoi leur sœur ? pourquoi pas eux ? Ils souffrent beaucoup de cette situation où plus rien n’est comme avant et où plus rien ne sera comme avant. Il ne faut surtout pas oublier ce fait.

En tant que mère, je ressens toujours des années après de ne pas avoir été présente pour eux, de ne pas avoir pu remplir mon rôle, d’avoir été défaillante dans mon rôle de mère par la suite aussi, et qu’ils aient eu à souffrir de cette situation. J’en ai réellement pris conscience après être sortie d’années de dépression et de tristesse. Mais comment faire autrement ? J’ai fait ce que j’ai pu, avec une telle tristesse, un tel désespoir, que je ne sais toujours pas comment j’aurais pu faire mieux.

Je crois aussi que l’on ne parle jamais assez avec ses autres enfants, pendant et après. J’ai essayé pourtant. Pas pendant ces évènements tragiques car j’en étais incapable. Je me souviens par bribes d’avoir vécu comme un automate. Je peux dire sans pudeur que j’étais complètement ravagée et plus moi-même. Ensuite, j’ai tenté d’en discuter, de dédramatiser, de parler de leur frère absent, parfois avec humour, en rappelant des anecdotes, des souvenirs. Mais c’est probablement bien insuffisant.

Ce qui est certain, c’est que ses enfants, on les aime tous aussi profondément, que ce soit l’enfant disparu ou les enfants vivants avec nous. On délaisse ces derniers un certain temps, bien malgré nous, mais l’amour que l’on éprouve reste intact. J’ai toujours aimé, j’aime, et j’aimerai toujours mes trois enfants avec autant d’intensité, d’égalité, chacun avec sa personnalité. Mes deux fils sont en bonne santé. Ils construisent leur vie, leur bonheur et sont remplis de qualité. Ils ont su avancer malgré les grandes difficultés de leur vie. On est arrivé peu à peu à se recréer une vie, et à connaitre de grands moments de joie, de rire.

Nous sommes forts et nous avons une grande résilience en nous. Notre joie ne demande qu’à revivre. Elle est là, tapie dans un coin de notre esprit. Elle attend son heure. Quand je vois mes fils vivre, parler, rire, j’éprouve une grande gaieté intérieure !  Que l’amour, la joie, le bonheur leur soient toujours présents. Et que leur frère disparu veille toujours sur eux.

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