100 % bonheur ?

Vous êtes-vous souvent demandé ce qu’est le bonheur ? L’avez-vous déjà ressenti pleinement ? Le confondons-nous avec la joie ? Le bien-être ?
Ma thèse à moi du bonheur
Je ne suis pas une philosophe du bonheur. Je n’ai pas écrit de thèse sur ce sujet, mais j’ai ma thèse à moi du bonheur, celle d’une femme l’ayant connu, perdu puis retrouvé. Je souhaiterai donc juste vous faire partager mon ressenti et mon expérience sur le bonheur. Quand je parle de bonheur, c’est celui avec un grand B, celui qu’on ressent dans toutes ses cellules, celui qui provient du plus profond de nous-même. Ce bonheur qui nous donne l’impression d’être invincible, qui nous fait croire que rien ne peut nous arriver, et que cette sensation va se prolonger éternellement.
Profondeur du bonheur
Le bonheur pour moi me relie à la terre et au ciel. Une impression de ne faire qu’un avec l’univers, de ressentir tout ce que mon environnement a à me donner, d’éprouver une énergie très profonde, une énergie de connexion.
Ce bonheur, même furtif qui joue les prolongations et nous permet ensuite de vivre dans la joie. J’ai toujours aimé le bonheur. Qui ne l’apprécie pas ? Mais était-il si profond à chaque fois ? Je ne le pense pas.
Selon la situation que je vivais, je sentais un véritable bonheur m’envahir. Par exemple, à la naissance de chacun de mes enfants. Une impression d’accomplissement, de plénitude de la vie, de bonheur de la vie avec un petit bébé qui tout à coup apparait, et emplit notre vie.
Le bonheur et les autres
Le bonheur pour moi venait des autres. Je pouvais le ressentir grâce à eux.
Cependant, je le ressentais aussi quand, plus jeune, j’appréciais la douceur de l’air du soir en été, le chant des oiseaux. La nature a fait très tôt partie de mon bonheur. Puis un jour, des années plus tard, mon bonheur d’adulte, de maman, a disparu, le jour de l’annonce de la maladie de mon fils. Pourtant à ce moment-là, tout allait bien dans ma vie. Un mari, trois beaux enfants, une belle maison, le travail que je souhaitais, que j’avais enfin réussir à obtenir, beaucoup d’amis. Tout a explosé en quelques secondes. Ce bonheur que je connaissais, même si j’en savais toute l’éphémérité, m’a échappé pendant plusieurs années. Trop de souffrance, un trop grand malheur. Puis une longue remontée. Et une énorme culpabilité. Moi à nouveau heureuse ? Jamais ! Cela me semblait impossible. Comment ressentir cette plénitude à nouveau avec l’absence de mon fils ?
Remontée vers le bonheur
Petit à petit, quelques petits brins de bonheur sont apparus. D’abord la joie, se surprendre à sourire, se sentir bien. Et puis se forcer à rire, jusqu’à ce que cela devienne naturel. Se recréer une nouvelle vie. Et puis un jour se dire qu’on a oublié quelques instants de penser à son fils, que l’on a su être bien malgré tout. Se sentir coupable au début, puis se dire que cela ne changerait rien de toute façon. Demander pardon à son fils de rire à nouveau. Remercier tous ces livres lus pendant des années, aide inestimable pour vivre à nouveau. Se remercier pour s’être prise en main, et avoir tout fait pour être sereine. Se dire que la joie c’est une sacrée sensation ! Tellement enfouie, mais tellement agréable ! Et se dire un jour : je suis vraiment faite pour le bonheur !
Le bonheur intérieur
Puis à force de lecture et de réflexion, se rendre compte que le bonheur ne dépend pas des autres mais de soi-même. Quelle découverte alors quand tout devient conscient ! Peu à peu intégrer le fait de ne pas rendre les autres responsables de ses problèmes. J’ai ainsi réappris à chercher des joies simples, afin d’accéder à nouveau à une forme de bonheur. Retrouver des sensations douces dans la nature, reprendre le sport. Etre seule pour réfléchir à ma vie et ne plus être dépendante. Quel soulagement ! Etre heureuse avec moi-même ! Ne rien attendre. M’aimer. Aimer mes moments de solitude. J’ai tissé jour après jour, telle une araignée ma propre toile du bonheur. J’ai retrouvé pour la première fois une vraie plénitude lors d’une méditation, puis lors d’une randonnée. Quel long labeur ! Mais quelles récompenses ! Et puis, n’oublions pas que notre bonheur intérieur se voit à l’extérieur. Le bonheur se transmet autour de soi. Transpirons de bonheur pour l’inoculer aux autres !
Bonheur absolu ?
Je sais malgré tout, qu’une petite parcelle de mon bonheur n’est pas comblée, et ne le sera jamais. Comme si le bonheur était un gros cœur rempli à 100 %, et qu’une partie avait disparu à jamais. Je ne sais pas dire quel pourcentage manque à mon bonheur. Personne n’en est responsable. Je suis la seule à croire impossible de retrouver les 100 %. Mais comment faire ? Comment ne plus se sentir totalement coupable ? Comment évincer ce manque de tous les jours ? Comment ignorer que mon fils est absent de ma vie, même si certains diront que c’est mon ego qui me fait penser cela ? Je ne sais pas faire autrement pour l’instant. Je sais que je me mets des barrières.
Mais, rassurez-vous. Je peux dire actuellement que je suis heureuse. Prononcer ou écrire cette phrase me semblaient inimaginable auparavant. Mon bonheur à ce jour, celui que j’ai cherché à retrouver au prix d’énormes efforts, il est à présent très naturel. Quel que soit son pourcentage, je le savoure à chaque instant. Je l’entretiens. Je sais qu’il peut être éphémère. J’en suis consciente. Je sais aussi que ce sont mes pensées qui le créent, et que nous avons tous la capacité à être heureux quelle qu’ait été notre vie.
J’aimerais inventer le verbe bonheurer. Je me bonheure, tu te bonheures. Nous nous bonheurons ! Ce serait une magnifique conjugaison !